14 Novembre 2016
Un article qui pourrait justifier un format bien plus large que le billet d’humeur d’un blog.
Comme souvent – pour ne pas dire toujours – il m’est inspiré par une plus ou moins récente et plus ou moins agréable expérience.
En l’espèce, une affaire à l’occasion de laquelle je me suis déplacé sur plusieurs centaines de kilomètres pour assister l’un de mes clients devant une juridiction pénale.
Je loue un véhicule (84 euros), je me lève à 5 heures du matin (ok, ce détail est inutile s’agissant d’un article à visée « économique », mais ca pique quand même, 5 heures du matin, alors je le dis quand même au passage…), je roule plus d’une heure et demie.
Et quand j’arrive, on m’explique qu’une erreur a été faite, mon client n’a pas été convoqué dans les formes, après m’avoir fait poireauter une demi heure.
Je proteste courtoisement (toujours faire ça avec courtoisie, attention !), j’indique que nous sommes prêts à renoncer à nous prévaloir de cette erreur et du non-respect du délai de convocation avant la comparution, je demande à ce qu’on aille chercher sur le champ mon client pour plaider cette affaire le jour convenu.
Fin de non recevoir. Beaucoup moins courtoise que ma protestation soit dit en passant.
Le quart d’heure d’explication de l’erreur régalienne à la famille : pour l’avocat.
Retour à vide à POITIERS, nouvelle heure et demie de voiture.
Pour finir, ne pas oublier de faire le plein avant de rendre la voiture de location (une bonne trentaine d’euros).
Faisons le compte. La voiture et le carburant auront couté plus de 100 euros.
Le temps passé en audience est facturé 240 euros à mes clients, celui passé en transport la moitié du coût horaire précité.
Une heure d’audience et trois heures et demie de transport font donc 600 euros, auxquels j’ajoute les frais, ma facture doit donc porter sur 700 euros.
Maintenant, il faut la présenter aux clients, qui ne manquent pas de vous expliquer que l’erreur ne vient pas d’eux, mais de la Justice.
Les plus honnêtes accepteront de payer les 100 euros de frais, les autres partiront sans régler un centime.
Le système mis en place pour poursuivre judiciairement un client indélicat, appelé « taxation », est un serpent de mer qui décourage les plus près de leurs sous. Couplé à la solvabilité douteuse d’une bonne partie de la clientèle pénale, on obtient la conclusion suivante : ASSSIEDS-TOI SUR TES HONORAIRES !
Si le magistrat qui a refusé de faire mener sur le champ mon client était au moins aussi honnête que le client le plus honnête sus-évoqué, il reconnaitrait sans doute que lui-même refuserait de payer ma facture dans ces conditions.
Sauf que cette question ne lui traverse absolument pas l’esprit lorsqu’il refuse ma demande sans même y prêter attention.
Probablement parce qu’il n’a pas la moindre idée de ce que le calcul rébarbatif que j’ai livré supra existe et est omniprésent dans la vie d’un avocat, profession libérale.
Privilège de la fonction publique, sans doute.